ù:
:L> '/
Vhc^l
' :).:y /J'^/
/,■ X >'
l {j . '}'~àM.-î) - 7 -^
r.
Conr dci Footainri , N" 7 , à Par
1}\£<xW{'ïï: is'^
LES
ou
L'ÉDUCATION PARTICULIERE ,
COMEDIE-VACDEVILLE EN UJN ACTE.
PAR MM. FERDINAND-LAIVGLÉ, ROCHEFORT ET*
«EPRÉsENTÉE pour la première fois , A PARIS , SUR LE THEATRE
nE MADAME, PAR LES COMEDIENS ORDINAIRES DE S. A. R.,LE
9; JANVIER 1827.
«•««•seeeeeeeeeedeeeeeese
PRIX : 1 FR. 5 0.
PARIS.
AU GRAND MAGASIN DE PIECES DE THEATRE
DE A. G. BKUNEÏ, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
Successeur de Madame Huet ,
RUB DK VALOIS, PALAIS-ROYAL, N° l" {iCr) , VIS-A-VIS L'ATUÉniK.
182;
PERSONNAGES.
ACTEURS.
LORD WORSET.
ARTHUR , son neveu.
ROBERT , domestique d'Arthur.
COGE, vieux précepteur.
FAJNNY , fille de Worsei.
ELÏSA, tenant un hôtel g^arni.
Un Domestique.
M. DoUMEUIL.
M. Paul.
M. Legrànd.
M. Bernard-Léon.
M"« Adelwe.
M"^ Dejazet.
..(k^;py
La scène se passe à Paris, d«tïs un liûtelçarni.
Imprimerie île E. DDVERGER, me .le Veraeuil , n» 4.
L'EDUCATION PARTICULIERE,
COMÉDIE-VAUDEVILLE.
Lethéàtre représente une chambre; à droite et à gauche, descabinets.
Une table est sur le devant de la scène.
SC£N£ PREMIERE.
UOBERT, seul ^ un livre à la main, assis devant une
table couverte de livres.
{Il lit.) n La grammaire est l'art de parler et d'écrire
« correctement; pour parler et pour écrire correctement
•ton emploie des mots {Parlant.) Est-ce amusant, je
vous le demande, d'être forcé d'apprendre ces sottises-là
par cœur? et pourtant il faut que je uie fourre tout le vo-
lume dans la tête pour faire plaisir à mon maître! Des ad-
jectifs, substantifs, indicatifs, subjonctifs!... tous logo-
griphes pour moi et pour bien d'autres!... Ah bah î au
fait, est-ce que j'ai besoin de savoir tout ça pour être do-
mestique? je vas jeter les livres par la fenêtre !... [Il va à
la table.) Pourtant il ne faut pas faire de folie de mon
chef... écrivons plutôt à ma mère, eu Bourgogne, et at-
tendons sa réponse pour me décider tout-à-fait. {Il s'assied.
« Ma chère maman, celle-ci est pour vous apprendre
que votre fils Robert vient de changer de condition sans
que ça paraisse. Lord Arthur, mon maître, qui a le droit
de s'amuser tant qu'il veut parce qu'il est riche , vient de
doubler mes gages pour que je prenne, à sa place , les le-
çons d'un vieux professeur que son oncle lui a envoyé
d'Angleterre à Paris , pour en faire un savant ; ce qui fait,
ma chère maman, que, pour se délivrer de son gouver-
neur, mon maître m'a fait changer mon nom de Robert
contre celui d'Arthur, et que je passe pour lui dans l'hô-
tel où nous demeurons. Voilà six grands mois que ça dure ,
je n'y tiens plus... je suis au dernier article, et c'est au-
jourd'hui que je dois conjuguer... dites-moi ce qu'il faut
= n 4
faire pour me Hier tic là sans perdre l'argeiil ijui m'a élé
promis. Votre malheureux lils vous embrasse , ô ma mère !
au vocatif I »
(1/ plie la lettre y et appelle.) Elisa!... Eiisa!... elle est
jolie la nièce de l'hôtesse... heureusement que je lui fais la
cour pendant mes récréations, et qu'elle est éprise de moi ;
ça me remet un peu de mes travaux classiques .. C'est
drôle je lui ai plu tout de suite ah! c'est que je
passe ici pour un Anglais.
SCENE II.
ROBERT, ELISA.
ELISA.
Bonjour, monsieur Arthur...
ROBERT.
Ah! c'est vous, marazelle Elisa? tenez, voilà une lettre
pour la poste...
ELISA, la prenant.
Je vous apporte vos journaux ; si vous voulez les lire...-
ROBERT.
Merci, je m'ennuie bien assez sans ça... j'aime mieux
causer avec vous...
ELISA.
Comme ces Anglais sont honnêtes !
ROBERT.
Paç lanl que les Français !
ELLSA.
Oh I les Français ont du bon... je ne dis pas'... les Pari-
siens surtout... ils causent très bien... mais quand on s'y
laisse prendre , il arrive toujours quelque malheur... au
lieu que les Anglais, ils épousent.
Air Je Vaclû a la Creuouillère.
Ou dit que bien des Coralys
Dans leurs amours toujours heureuseb .
Sont aujourd'hui des miladys !...
C'est bien joli pour des danseuses !
ROBERT.
Kii changeant ainsi de pay^
(h) se fail des vcrtu>> nouvelles;
C'est comme ces courtiers hardis
Qui sont des fripons à Paris
Et d'honnêtes gens à Bruxelles.
ELISA.
Un étranger qui parle mariage doit inspirer plus de
confiance qu'un compatriote qui ne parle que d'amour.
ROBERT.
Ce que vous dites là , Elisa , prouve deux choses.
EL ISA.
La première?
ROBERT.
Que vous avez de l'éducation.
ELISA.
Et la seconde ?
ROBERT.
Que vous avez été bien élevée.
ELISA.
Ah ! c'est bien nécessaire quand on a une tante infirme
et qu'on est forcée à mon âge d'être à la tète d'un hôtel
comme celui-ci !... c'est si trompeur les hommes qui
logent en garni !
Air: duvaud. de Partie et Revanche.
Dans tous les hôtels c'est l'usage.
On se loge au mois , même au jour ,
Et nos hôtes voudraient, je gage,
Un bail aussi court en amour.
Mais l'amour, mauvais locataire,
Demeure un jour et fuit incognito.
Et la pauvre propriétaire
En soupirant remet son écriteau.
ROBERT.
Et l'on perd tout à la fois...
ELISA.
Aussi dès que vous avez commencé à me faire la cour...
pas si bête que de vous aimer toute de suite... à la pre-
mière vue!... les grandes passions, c'est bon pour les
romans... moi , il m'a fallu une promesse de mariage....
vous riez?... oh 1 je sais bien que ça n'engage à rien....
que je ne peux pas avec ce papier-là vous forcer à m'épou-
ser , mais c'est égal , c'est un titre... et je suis à l'abri des
événemens.
ROBERT.
Comment! un tilro ?
tLlSA.
Oui , parce que , voyez-vous , si vous aviez le malheur
(le vouloir vous marier avec une autre... je lui montre-
rais ca.., et certainement dans une famille honnête on ne
voudrait pas d'un homme qui endosse des promesses de
mariage comme on endosse des lettres de change.
ROBERT.
Elisa , vous pouvez être sûre qu'on vous aime , et la
preuve , c'est que je vais vous embrasser... voilà comme
je suis , moi... ( il veut l'embrasser. )
ELISA.
Non pas , non pas , mi lord...
ROBERT.
Oii 1 laissez donc !... qu'est-ce que ça vous fait?... ( il
l'embrasse malgré elle ; Arthur entre au même moment ,
Elisa se sauve en jetant un cri. )
SGEÏ^E III.
ROBERT, ARTHUR.
ROBERT.
Bravo , Robert ! c'est très bien !... on n'est pas plus stu-
dieux, et mon gouverneur serait enchanté s'il te voyait!...
ROBERT.
Ah! monsieur, c'est une petite distraction... je m'en-
nuie tant dans l' exercice de mes fonctions!...
ARTHUR.
Il me semble que je te paie assez cher pour ça?
ROBERT.
C'est que mon rôle devient trop difficile; votre gouver-
neur ne peut pas manquer de découvrir que vous m'avez
fait prendre votre place pour vous débarrasser de lui.
ARTHUR.
li ne se doute de rien. Lorsqu'il y a deux ans, j'eus le
malheur de perdre mon père, avec lequel j'habitais Paris
mou oncle Worset fut effrayé de savoir son neveu seul
dans celte capitale; il voulut continuer le système d'édu-
cation adopté pour moi ; car, tu le sais, il m'est prescrit
de ne parler (jue français jusqu'à ma majorité, et mon
oncle m'expétiia de Londres ce vieux pédant pour me
servir de mentor...
ROBERT.
Et c'est moi qui eus Je mallieiir d'en profiter!...
ARTHUR.
Que pouvais-je faire?... me remettre sous la férule à
mon âge ?... pas du tout , je l'ai métamorphosé en Anglais,
je t'ai loué dans cet hôtel un appartement magnifique et
maintenant te voilà lord Arthur.
ROBERT.
Et si votre oncle arrivait ici ?
ARTHUR.
Il est à Londres, et il a la goutte!...
ROBERT.
Deux bonheurs pour un!...
ARTHUR.
Tu vois donc bien que je peux profiter de ma liberté
pour m'amuser et dépenser mon argent. Au diable les
études sérieuses ! moi je trouve que j'en sais assez.
Air : Pour qu'on m'appelle original. (Julien.)
Jusqu'ici j'ai traité sans cesse
La science en enfant gâté ,
Et des beaux jours de ma jeunesse
. L'étude a toujours profité.
Maintenant c'est une autre affaire ,
Le tour du plaisir est venu .
Et je m'occupe à ne rien faire
Pour rattraper le temps perdu.
EOBERT.
C'est bien naturel... Mais où diable voire oncle a-t-il
déterré un gouverneur de cette espèce-là? enfin il ne lui
manque pas un seul ridicule!... ne s'est-il pas habillé à
l'anglaise!... par flatterie pour son élève?...
ARTHUR.
M. Cogé! il vient des bords de la Tamise, où il était
professeur de littérature française...
ROBERT.
Et il a repassé la Manche pour me tourmenter.
ARTHUR.
De quoi te plains-tu?... dans cet hôtel on te croit le
neveu de lord Worset , on te traite avec tous les égards
dus à ton rang. . et moi , sous le nom de Williams, je ne
passe que pour ton ami... tu as le plus beau rôle !...
ROBERT.
J'aimerais mieux le vôtre !
8
ARTHUR.
Comment! lorsque lant de gens paient pour être ins-
truits, toi o)i te paie pour l'instruire!...
ROBERT.
C'est (le l'argent bien gagné!
ARTHUR.
Etudie, voilà tout ce qu'on te demande ; mais n'apprends
rien si tu veux...
ROBERT.
Tiens! je n'apprends rien non plus ; pas si bêle!
ARTHUR.
Quant à moi, je me divertis; je cours les sociétés, je
joue , je fais des conquêtes , je dépense , j'emprunte , enfin
je <leviens un jeune homme de bon ton ; et c'est nouveau
pour un Anglais!
ROBERT.
Et votre cousine Fanny? elle est joliment oubliée dans
tout ça!
ARTHTJB.
Ma cousine Fanny? ah! je l'aime loujours ; mais elle
est si jeune ! on nous a promis l'un à l'autre dès Tâge de
dix ans ; je sais bien que ce n'est qu'une passion d'enfant,
mais c'est égal , c'est la première et le souvenir reste!...
Cela ne m'empêche pas de prendre du bon temps en atten-
dant que ma cousine grandisse.
ROBERT.
Allons , je vois que vous menez joyeuse vie , tandis que
moi j'ai toujours un vieux surveillant qui me suit partout
comtoe un recors , et qui me dorlotte comme un enfant...
et pourquoi ça , je vous le demande ? '^ ■
ARTHUR.
Parce que ta santé lui est précieuse!... Mon oncle Jui
fait une rente viagère sur ma tête...
ROBERT.
Ah ! je ne savais pas !... Est-ce voire oncle aussi qui a
imaginé ce que l'autre appelle mes récréations?
ARTHUR.
Tu as des récréations?
ROBERT.
/.t de bien amusanlcs , je vous jure!... Le soir il me
mène tantôt à l'Alhénéc et tantôt à des cours de physique ,
et ])uis il me cause des fausses joies... Une fois il me parle
d'aller dans une sociélé moi je croyais danser, j'étais <léjà
content... Eh! bien , savez-vous dans quelle société je me
suis trouvé ?
ARTHUR.
Non...
ROBERT.
Dans Ja société philoteehnique...
ARTHUR , riant.
Ahl ah ï ah! malheureux!...
ROBtRT.
C'est à n'y pas tenir...
SCENE IV.
l::s précédens , ELISA.
ELisA , tenant un plateau de thé.
Milord ! c'est votre déjeuner I
ROBERT.
-Ahl Dieu soit loué ! car je meurs de faim ! [regardant.)
Qu'est-ce que c'est que ça ?
ELISA.
Eh! bien , c'est du thé...
ROBERT.
Comment du thé?,., et qu'est-ce qui vous a donné ca ?
ELISA.
Votre gouverneur.
HOBEHT
Et qu'est-ce qu'il mange donc , lui ?
ELISA.
Des côtelettes , un perdreau aux truffes avec du vin de
Bordeaux.
ROBERT.
Un perdreau aux truffes I et il m'envoie du thé ?... c'est
une infamie , une abomination!... {apart, à Arthur.)
vous voyez bien, monsieur, que je ne peux plus vivre avec
cet homme-là...
ELISA.
Milord , je trojiveque votre maître a raison ; c'est pour
votre santé ; il ditque vous avez eu une nuit agitée...
2
lO
ROBERT.
Moi!... des nuils agitées?... jamais : je ne suis heureux
qu'en dormant , et je ne serais pas assez bête pour perdre
ce temps-là... Elisa, quoi qu'il en soit , vous me servirez
un bon repas dans ma chambre. Qu'est-ce que c'est donc
que ça? .. du thé!... comme si un Bourguignon...
ARTHUR , bas.
Silence !...
ROBERT , de même.
Ah! liens, c'est vrai 1... ma foi , monsieur, cherchez
une autre victime. .. j'en ai assez...
ARTHUR , lui donnant une bourse.
Veux-tu te taire!...
ROBERT , la soupesant et regardant Arthur avec surprise.
Quand je dis que j'en ai assez , monsieur , il ne faut pas
prendr-e ça au sérieux.».
ARTHUR.
C'est bon...
ELiSA , a part.
Mais qu'est-ce qu'ils ont donc toujours à chuchoter en-
semble?...
ARTHUR , à Robert.
Ah ! ça , sais-tu qu'elle est charmante la nièce de l'hô-
tesse ?
ROBERT.
J'espère, mon ami Williams, que cela vous est bien in-
différent?
ARTHUR. ,
Mais non... une jolie figure fait toujours son effet...
EL ISA.
C'est juste.
ROBERT.
Eh bien ! il ne manquerait plus que ça !...
ARTHUB.
Air du Cornaval (de Bérenger.)
Mon cher am: , dans l'ardeur de m'instruirc
Des raœurs, du ton qui régnent à Paris,
Sans examen je brûle et jo soupire
Pour tous les yeux qui me semblent jolis.
ROBERT.
Ici pourtant, ah! remarquez de yrace ' "
Que j'ai le droit de m'en plaindre tout bas.
1 1
( A part. )
Dans vos ennuis lorsque je vous remplace ,
Dans mes plaisirs ne me remplacez pas. [bis.')
ARTHUR , prenant la main cl'EUsa.
Milord Arthur est bien lieureux , ma belle enfant ,
d'être servi par une main comme celle-là. [Il veut l'em-
brasser. )
KLiSA , la retirant.
Laissez donc, monsieur , laissez donc ! ...( à part. ) a-l-
il l'air mauvais sujet 1... on voit bien qu'il n'est pas an-
glais celui-là!...
Elisa , rentrez.
ROBERT.
ELISA.
Ooi , milord... tenez justement voilà votre professeur. . .
( Elle sort par un cabinet. )
ROBtRT.
Ah! mon Dieuf... il faut reprendre la grammaiio!...
voilà le plaisir qui commence!... ( Il va s'asseoir h la
table. )
SCENE V.
LES PRÉCEUENS , COGE.
COGÉ , tenant une grammaire.
Air : Bocages que l'aurore.
Savant élémenlaire
Qu'on chérit en naissant ,
L'Homond . que ta grammaire
Amuse en instruisant!
Par toi la l'aible enfance
Commence à raisonner,
Et la douce innocence
Apprend à décliner...! [bis.)
( Aux jeunes gens. ) Ah! vous voilà ensemble... bon-
joar milord , serviteur M. Williams.
ARTHUR.
Bonjour au docte M.Cogé, le modèle dos gouverneurs!..
ROBERT , a part.
Joli modèle!...
Il
<;uGÉ.
Le modèle I... oui, monsieur, puisque je suis le seul cjui
ait conservé pores les doctrines de l'Université... on pour-
rait m'appeler une tradition vivante...
ARTHUR.
Il est vrai que vous avez été long-temps dans l'instruc-
tion publique...
COGÉ.
Trente ans, M. Williams... trente ans, et toute ma
famille avant moi ; mon père et mon aifeul ont été correc-
teurs à Monlaigu , ainsi que mon grand oncle , le célèbre
professeur Cogé... qui a formé les plus grands hommes
du siècle de Louis XV... ce bon M. Nonotte et cet excel-
lent M. Patouillet.
ARTHUR.
Ah I ça , mais pourquoi avez-vous donc quitté l'instruc-
tion publique?
COOE.
A l'époque des ci-devant lycées... nevoulau-on pas me
forcer d'enseigner à mes élèves l'exercice à feu? portez
arme ! présentez arme !... comme ça m'allait... ciel , quel
temps !
! /' 'j'i y } '.
Air : Vos inni-is en Palestine.
Adieu noire di:,cipline,
Mes élèves en soldats,
Armés d'une carabine
Marchaient assez bien au pas ,
Mais ils n'étudiaient pas.
A leur tête eu conscience
Pouvais-je rester encor?
On aurait vu prohpudor l
Un professeur d'élor|uencc
Devenir tambour-major.
.f
ARTHUR.
Alors vous vous êtes retranché sur les éducations par-
ticulières ?
COGÉ.
Et j'ose dire que mes succès ont été brillans. Tous mes
écoliers m'ont fait de l'honneur , des agens de change ,
des ^o^ires , des ambassadeurs....
Kt^REur , a part.
Et des domestiques!
i5
AKTHUK.
El votre nouvel élève en êl«s-vioqs content?
COGÉ.
Comme ça , comme ça... nous n'avançons pas.., et je
me repens d'avoir, d'après votre avis , envoyé à lord Wor-
set les rapports les plus flaiteurs sur les progrès de son
neveu...
ARTHUn.
Vous y mettiez aussi un peu d'amour-propre.
COGÉ.
J'en conviens... je tiens à ma réputation... C'est que
l'éducation est une chose si délicate, M. Williams ! Son on-
cle aussi me met dans un furieux embarras , il m'annonce
un jeune homme qui a fait ses humanités , et au lieu de
cela je trouve, comme on dit en anglais , eriel foui ^ ce
qu'on pourrait traduire par un véritable imbécille.
ARTHUR.
Lord Worsel a payé pour faire instruire son neveu , et
son neveu...
COGÉ.
N'a rien appris, c'est juste; il est venu là comme on
dit pour essuyer les bancs... Ce que nous appelions un
cancre...
ROBERT.
Merci î
COGÉ.
Ciel! si son oncle venait jamais uous surprendre... à
l'improviste... que dirail-ilalors!... Dieu! je levoisd'ici,
m'apostrophant d'un air sévère... lâche complaisant
mentor prévaricateur!...
ARTHUR.
Rassurez-vous , je suis là pour rendre témoignage de
votre zèle.
COGÉ.
Ah! inilord vous devra aussi des remercîinens... je lui
ai parlé de vous dans mes lettres; il sait qu'un jeune
bomnie anglais aussi laborieux qu'instruit stimule son
neveu par son exemple , ses conseils...
ARTHUR.
Vous êtes trop bon... je vous laisse morigéner celte tête
indocile. Des amis m'attendent à déjeiiner chez Tortoni ,
et vous connaissez ma ponctualité... c'est le fruit des
sciences exactes. ( a Robert , en lui frappant sur la tête.)
Allons , instruisez-vous donc , monsieur l'ignorant !,..
( Il sort. )
i4
SCENE YI.
ROBERT , COGÉ.
COGÉ.
Entendez-vous le nom (ju'il vous donne ?
ROBERT.
Oui.
COGÉ.
Il VOUS a Eommé fête indocile.
ROBERT.
Je sais bien.
COGÉ.
Et VOUS souffrez...
ROBERT.
Je ne peux pas faire autrement.
roGK.
En plus outre , il vous a appelé ignorant ..
ROBERT.
Qu'est-ce que ça me fait, ça vous regarde plus que
moi ; vous êtes chargé de me rendre savant.
COGE.
Vous avez sans doute beaucoup plus d'esprit que loi...
ROBERT.
C'est ce que je dis , moi !
COGÉ.
Le vôtre est d'une meilleure école, et même vos manières
sont plus distinguées. . .
ROBERT.
Vous trouvez ?
COGÉ.
On voit que vous appartenez à une tics meilleures fa-
milles de la Grande-Bretagne, de l'aisance, de la no-
blesse...
ROBERT.
C'est que j'ai eu des maîtres de la plus liante volée
COGÉ.
Cela se devine ; mais le temps se passe... si nous nous
niellions à conjuguer un petit peu? voyons, un verbe
de votre choix. ( il s'assied à la tahlc. )
Je m'ennuie!...
i5
ROBERT, baillant.
COGE.
Je m'ennuie , soit... c'est un verbe réfléchi.
ROBERT. ^
Ca m'est bien égal...
COGÉ.
On dit en anglais...
ROBERT.
Ah ! vous savez que je ne dois entendre ni prononcer
aucun mot d'anglais... tant que je serai en France je ne
parlerai que le français... ( à pari. ) pour bien des rai-
sons 1 . . .
COGE.
Il est vrai... c'est l'ordre de votre oncle. Dans le fait
c'est le moyen de se familiariser plus vite avec une lan-
gue quelconque... Voyons donc : indicatif présent : je
m'ennuie...
ROBERT.
Oui, je m'ennuie!...
COGÉ.
Tu t'ennuies , il s'ennuie, nous nous ennuyons...
ROBERT.
Vous m'ennuyez...
COGÉ.
Non , non , vous vous ennuyez , c'est vous qui vous
ennuyez...
ROBERT.
Ah! oui, par exemple! quel métier... ( a part.) j'aime-
rais mieux frotter des appartemens !;( // se lève. ) Je ne
veux plus étudier , moi!...
coGE , le poursuivant.
Milord , il faut absolument...
ROBERT , en colère.
Non, monsieur , c'est trop fort aussi !... vous voulez
ra'abrutir par l'instruction !...
COGÉ.
Mais au contraire...
ROBERT.
Pourquoi vous acharner après un malheureux jeune
homme ?...
COGÉ,
Peur vous rendre savant comme moi!...
i6
ROBERT.
Quand vous m'aurez rendu imbécille tout-à-fait... vous
en serez bien plus avancé 1
COGÉ.
Ali! mou élève, il y a rébellion!
ROBERT.
C'est vous qui êtes dans votre tort.
COGÉ.
Vous croyez ? alors je cède.
ROBERT.
A la bonne heure... je vous pardonnai...
COGÉ.
Bien obligé, (à pari. ) Voilà pourtant comme noUs étu-
dions lous les jours!
SCENE VII.
LES MÊMES , UN DOMESTIQUE.
LE DOMESTIQUE , uue lettre à la main.
M. Arthur... c'est une letlre pour vous...
ROBERT.
C'est bon. [Il jette la lettre sur la table. )
COGE.
Eh bien , vous ne la lisez pas?
ROBERT.
J'ai le temps ; ce n'est pas pressé...
COGÉ.
Que vois -je ? le timbre de Calais!... cette lettre vient
probablement d'Angleterre... si elle était de votre oncle ?..
lisez... c'est peut-être une affaire majeure...
ROBERT , à part.
Ma foi, j'y suis forcé; mon maître ne pourra me blâmer...
Diable, c'est en anglais... je rtte suis pas indiscret.
COGÉ.
Comment se porte milord Worsel ? Quelles nouvelles
de Londres ?
ROBERT.
Pas grand chose.., voyez...
COGÉ , lisant.
Ah! ("'est do Milord lui-même!... ciel! il arrive à
Faris '...
17
BOBEKT , avtc joie.
Vraiment?...
cogb:.
Vous n'avez donc pas tout lu?... Voyez la date... t^a-
turday... c'est aujourd'hui.
ROBERT.
Bah! c'est aujourd'hui saturday?
COGÉ.
Dieux! quelle nouvelle!... Quel coup de foudre !... que
faire ?... que devenir ?...
ROBERT.
Ah ! que je suis content î... (à part,) mon rôle est fini ,
et je vais toucher ma récompense I...
coGÉ, agité.
Ma situation se complique!... votre ignorance... mes
faux rapports... tout est perdu... tout est consommé...
Cogé ! malheureux Cogé!...
Air : Ce que j'éprouve en -vous voyant.
Quelle philippique m'attend,
La perte de ma place est sine.
ROBERT, à part.
Adieu grammaire , adieu lecture ,
Je vais donc reprendre gaîment
Mon privilège d'ignorant.
COGÉ.
Ah! si du moins dans ma disgrâce,
Je conservais mon traitement.
ROBERT.
Moi je suis plus heureux, vraiment!
Les honoraires de ma place
Je les reçois en la perdant.
COGÉ.
Quelle perplexité!... j'en perds la tête... je vais réflé-
chir aux moyens de nous tirer d'embarras... mais je ne
me troDipe pas... On parle sur l'escalier?... c'est peut-être
déjà lui!... suivez-moi, mon élève, car ainsi que le dit
Piaule.... yace/zZ rationes; les raisons sont difficiles à trou-
ver , ou , si vous l'aimez mieux , je ne sais plus que dire.
( // entre dans le cabinet avec Robert. )
#
i8
SCENE VIII.
LORD WORSET , FANNY, ELISA.
ELiSÀ , les introduisant.
Par ici , milord... par ici.
WORSET.
Viens, ma chère Fanny; ton cœur n'aura bientôt plus
rien à désirer...
ELISA.
Excusez, milord, si c'est moi qui vous reçois ; mais
ma tante, la maîtresse de l'hôtel , n'est pas là pour le mo-
ment... du reste le service n'en souffre pas... vos domes-
tiques seront bien traités, et vous-même , milord , vous
^^ n'aurez rien à désirer... Nous tenons table d'hôte, mais si
9 milady voulait se faire servir chez elle , tout ici sera à seg
ordres.... Voilà votre appartement, milord. {Elle montre
la chambre à gauche. )
WORSET.
Je vous remercie , mademoiselle , laissez-nous , je vous
prie...
ELISA , à part.
Ils ont l'air d'être très riches et très honnêtes ; seulement
je trouve que le mari est trop vieux et que la femme est
trop jeune. {Elle sort. )
SCENE IX.
LORD WORSET , FANNY.
FANNY.
Me voilà donc à Paris! sous le même toit que mon
cousin 1... ,
WORSET.
Silence !... tu sais bien que nous devons le surprendre!.,
lorsque je lui amène d'Angleterre une jolie prétendue. ...
il est bien convenu que je veux savoir avant de la lui don-
ner , s'il on est dign(>; le mystère est donc nécessaire à
l'exécution de nos projets.
ï9
KANNY.
Ail! mon père, qu'allez-vous faire? il est peul-étre
dangereux dechercher à pénétrer la conduite d'un étourdi!,,
et si par malheur vous alliez découvrir des choses...
WORSET.
Je ne pardonnerais rien , je ne veux pas être trompé...
FANNY.
Ni moi non plus , mon père ; mais il faut vous rappe-
ler qu'Arthur ne m'a connue qa^enfant , nous avons été
élevés ensemble. .. ah! je m'en souviens toujours , moi!...
mais lui , lancé dai^ le grand monde... si jeune...
'1 V
'■'' WORSET.
Comment, dans le grand monde? j'espère bien qu'il n'y
va pas sans son professeur...
FANNY.
Oh ! sans doute !... pourtant à Paris... J'espère comme
vous cependant , qu'il pense encore à sa cousine c'est
peut-être aussi parce que je le désire !
Ain : Mes yeux disaient tout le cuDtiaire.
Ah ! s'il avait trabi sa foi ,
Excusant son humeur légère ,
J'aurais la force, croyez-moi.
De pardonner et de me taire ;
Mon cousin est toujours chéri !
Dans un hymeu comme le nôtre ,
J'aime mieux me plaindre de lui
Que d'être heureuse avec un autre.
WORSET.
Voilà une indulgence qui ne me convient pas du tout ;
j'ai acquis une fortune considérable , je veux qu'elle soit
bien placée ; je sais mieux qu'un autre toutes les peines
qu'elle m'a coûté ! je me souviens de mes voyages; aussi
je te jure que votre mariage iie se fera qu'après d'amples
informations. Mais lu dois avoir besoin de repos , en-
trons ensemble dans cet appartement et voyons d'abord
M. Cogé , avant qu'Arthur soit instruit de ton arrivée à
Paris. *
ENSEMBLE.
Air de Rossini.
De faventurc
Oui, je le jiue.
20
Ton ) . j .
-, \ cousin ne peut se douter ;
Mon f ^ '
Et par prudence,
L'hymen d'avance
Saura du moins sur quoi compter-,
Avec Ini nous allons compter.
( lis entrent dans le cabinet. )
SCENE X.
ARTHUR , entrant par le fond.
Quel déjeuner! les convives s'aigiissent,
C'est un duel qui va le terminer ,
Quand si souvent tant d'affaires finissent
Joyeusement par un bon déjeuner.
Quelle aventure !
Ah! je le jure ,
Qui pouvait jamais s'en douter?
Mais on m'offense ,
Et ma vengeance
Saura du moins sur qui compter ;
Et je dois ici l'emporter.
SCENE XI.
' ARTHUR , ROBERT , sortant du cabinet.
ROBERT.
C'est vous, Monsieur, savez-vous la nouvelle?
Un incident qui va tout découvrir,
Votre oncle arrive et ma crainte est mortelle,
ARTHUR.
Mon oncle! ô ciel, qu'aLlons-nous devenir!
ENSEMBLE.
ARTHUR. ROBERT.
Quelle aventure, etc. Quelle aventure!
Ah! je le jure ,
Qui pouvait jamais s'en douter?
Pour moi, d'avance
Bientôt, je pense ,
Je rais savoir sur quoi compter,
Et tous deux nous allons compter
21
ARTHUR.
Comment, mon oode est en roule pour Paris?...
ROBF.RT.
Mieux que cela , il est arrivé.
ARTHUR.
Et moi qui me bats dans une heure !...
ROBERT.
Deux malheurs à la fois, un duelet un oncle.
ARTHUR.
Qu'allons-hous faire?
ROBERT.
Il faut tout avouer à M. Cogé...
ARTHUR.
Pas du tout!... pour quelijues jours peut-être que mon
oncle passera ici , je renoncerais à ma liberté, à mes plai-
sirs! il m'emmènerait à Londres avec lui !... oh 1 j'ai un
autre projet !...
SCENE XII.
LES PRÉCÉDENS , COGE.
COGÉ , en désordre.
Mes amis , je suis tout tremblant î... il est là ! Elisa l'a
vu!-., que devenir! ah! M. Williams, nous sommes
perdus !...
ARTHUR.
Non pas encore... si vous voulez consentir...
COGÉ.
Vous auriez trouvé nn moyen quelconque?... expli-
quez-vous.
ARTHUR.
Lord Worset n'a pas vu son neveu depuis dix ans,
l'oncle a fait un vovasfe dans l'Inde-..
J o
COGÉ.
Je le sais...
ARTHUR , montrant Robert.
D'ailleurs , Arthur a passé sa vie dans les universités ,
et nous pouvons... mais j'entends la voix de milord
laissez-moi faire , et quelque bizarre , quelque inexplicable
que vous paraisse ma conduite , agissez et dites toujours
comme moi.
22
SCENE XIII.
LES PRÉCÉDEMS, LORD AVORSET.
WORSET.
Où est-il? où est-il? ce cher neveu...
ARTHUR , se jetant dans ses bras.
Mon oncle l mon clier oncle !
ROBERT , bas à Cogé.
Tiens! ce n'est pas si bête...
COGÉ, idem.
Oui , mais c'est bien risqué.
WORSET.
Pardon , Messieurs, si je ne vous ai pas salué d'abord,
mais les premiers épanchemens...
COGÉ.
C'est trop naturel , milord ! [à part.) Le pauvre homme
s'il savait!... Qu'on vienne donc après ça nous parler de
la voix du sang !
WORSET.
Mais , mon cher Cogé , quel est ce Monsieur?
COGE , embarrasse.
Milord!...
ARTHUR.
Mon oncle... c'est M. Williams , cet ami...
WORSET.
Dont ion gouverneur me parlait tant dans ses lettres?...
Monsieur , enchanté de faire connaissance avec un jeune
homme si instruit...
COGÉ , bas à Robert.
Surtout ne vous avisez pas de parler, {haut.) Milord ,
permettez? [présentant Robert.) saluez donc...
ROBERT.
J'ai bien l'honneur d'être...
WORSET.
Pas de cérémonie. Eh bien ! mon neveu , où en sommes-
nous , lie nos éludes? [il regarde les livres.) que vois-je
un rudiment, un traité d'arithmétique!...
GOGÉ, a part.
Nous voilà pris !
33
ARTHUR , embarrassé.
C'est qu'hier, en regardant ma bibliothèque, j'ai re-
trouvé ces reliures en parchemin, et ce n'est pas sans plaisir
que j'ai revu ces amis de collège...
COGÉ , vivement.
Je suis comme lui , milord; plus je vieillis plus j'aime
les livres de mon enfance ; ce sont nos véritables maîtres
muets : muti magistri!
ARTHUR.
Comment, mon oncle, vous vous imaginez... parlez-
moi de chimie , de physique , d'astronomie...
WORSET.
L'astronomie ! c'est ma passion.
COGÉ.
Grande et belle science I
WORSET , à Robert.
Vous l'aimez sans doute aussi?
ROBERT.
L'astrologie?... comment donc?... c'est très drôle !...
VS^ORSET.
Et maintenant vous avez en France des aslronomes...
ROBERT.
Mathieu Lansberg !
veoRSET , riant.
Ah ! ah! ah! c'est une plaisanterie.
COGÉ.
Et même d'assez mauvais goût.
WORSET.
Puisque me voilà à Paris , entre plusieurs curiosités de
ce genre , je veux voir le zodiaque de Denderah , dont
nous n'avons eu à Londres que le dessin, (à Robert.) Qu'en
dites-vous, du zodiaque de Denderah?
ROBERT , à part.
Ah ! diable, c'est de l'anglais ça , il faut se tenir, [haut.)
Ce que j'en dis.^... ca vous étonnerait peut êtrebeaucoup...
demandez à M. Cogé...
COGÉ.
Mon opinion , milord...
WORSET.
Oh! je devine la vôtre.
ARTHUR.
Moi , mon oncle ?...
24
WORSET.
Toi , tu as celle Je ton gouverneur ; c est tout simple.. .
mais c'est l'avis de M. Williams....
coGÉ , à Arthur.
Oh ! quelle épreuve!
woBSKT , à Robert.
Pensez-vous comme moi ?...
ROBERT.
Oui ! oui , je pense comme vous..-
WORSET.
Je soutiens que le dessinateur a commis une faute
grossière... On a très mal placé le signe de la balance...
ROBERT.
C'est ce que j'ai toujours dit !.., il faut changer ce
signe-là !...
COGÉ.
Dans l'antiquité cependant.. .
ARTHUR.
Mon système est que sous Sésostris...
ROBERT.
Après ça , moi je n'y liens pas!... car dans le fait...
WORSET.
Vous avez tort...
ROBERT.
Tout ça dépend de l'idée qu'on y attache...
COGÉ.
Et il y aura toujours des gens...
ROBERT.
Qui n'y comprendront rien du tout.
WORSET.
Parce que?...
ARTHUR , à part.
Singulière discussion.
ROBERT.
Ah! parce que !...
COGÉ.
C'est un faux s)'slème...
ARTHUR.
Mon oncir, je vous prouverai qua))d je voudrai...
25
SCENE XIV.
LES ijrÈwts , LE DOMESTIQUE.
LE DOMESTIQUE , à Robert.
Il y aà la porte dans une voiture deux messieurs avec
des epees... ils vous demandent tout de suite...
ROBERT , eVo/z/ze.
Moi!
. LE DOMESTIQUE.
Oui , vous-même , monsieur.
WORSET.
Des gens avec des épées ?... que signifie ?...
ARTHUR , bas à Robert.
Cl est sans doute pour mon duel...
ROBERT , idem.
remplaça™.'?'" *■"'""' ^'' '""^^1"^ '» ™"^ ^"- <>'=
WORSET.
Mais qu'avez-vous donc?...
. COGÉ.
Oui , pourquoi ce trouble?...
ARTHUR , à Robert.
J en suis dësolé , mon cher , mais je me vois forré de
tout avouer ; mon oncle ne pourra t'en vouloir, [à Wor-
.ye^ ) 11 faut que vous sachiez que Williams est un peu
étourdi... son esprit, sa tournure font sensation dans le
monde...
coGÉ , a part.
Il ne sort jamais I
WORSET.
Eh bien ?...
• ARTHUR
Eh bien !... on lui a cherché querelle... un mari jaloux
vous devinez... bref il se bat aujourd'hui et je suis son
temom... '
COGE.
Qu'entends-je? milord, nous ne devons pas permettre
que des spadassins... **'
WORSET.
Que voulez- vous... il est des préjugés trop enracinés.
4
26
A.1R : De la petite s«iir.
Ob su bat avec un Français
Quand à sa femme on a su plaire ;
Aux tribunaux en Angleterre,
Lorsqu'un mari prouve les faits ,
Son rival doit le satisfaii e
En numéraire.
Ainsi de ce faux point d'honneur
Ou ne peut fuir la tyrannie,
Partt)Ut l'amour a du malheur ,
Et l'hymen toujours au voleur
Demande la bourse ou la vie.
COGE.
Ah! ca devrait bien retenir la Jeunesse! {à Robert.)
Mais comment se fait-il donc?...
WOBSET , à Arthur,
Toi, Ariliur, je ne suis pasd'avisque tu te trouves là....
(à Robert. ) Je serai votre témoin , moi , jeune homme , si
vous le permettez...
ARTHUR.
Vous, mon oncle!... Je ne souffrirai jamais...
WORSET.
J'ai peur que vous ne soyez imprudent...
ARTHUR.
Soyez tranquille!... on a perfectionné tout cela .. quel-
ques mots d'explication , l'éloquence des témoins arrange
l'atTaire , et le lendemain on dit partout : Je me suis battu.
[àRobert.) Partons, Williams!
COGÉ , retenant Robert.
Mon ami , je ne vous quitte pas...
WORSET.
Y pensez-vous?...
COGE.
Allez donc, puisqu'on ne peut pas s'opposer... surtout
point d'imprudence, il faut savoir reculer à propos...
ROBERT.
Oh! je ne crains rien...
COGÉ.
Embrassez -moi, mon auii! [Robert l'embrasse et sort
avec Arthur. ) ,
{Co^é à part. ) Pour la ilernièic fois , peut - être l...
Dieux! et ma j^ension viagère!...
27
SCENE XV.
COGÊ, LOIID WORSET. "
WORSET.
Calmez-voas donc, M. Cogé !...
COGÉ.
Ah ! je suis bouleversé!...
WORSET.
Après tout , ce n'est pas votre élève , et votre respon-
sabilité est à couvert...
COGÉ.
A couvert? sans doute... [à pari.) S'il savait!...
WOKSET.
Vous semblez porter de l'intérêt à M. Williams ? Je
crois que vous l'avez mal jugé...
COGÉ.
Comment, milord?...
wonsET.
Son éducation m'a paru très négligée, et ses manières
sont très communes. Parlez-moi d'ArlLur. .. à la bonne
heure! son esprit, son instriKtion , ses manières... tout
fait honneur à son professeur.
COGK.
Vous êtes trop bon... je ne mérite pas...
^ AVOUSET.
Apprenez donc le véritable motif de mon voyage à Paris.
Depuis long-temps je destine à ce neveu la main de miss
Fanny, sa cousine; je l'ai amenée avec moi et je vais les
unir...
COGÉ , étonné.
Comment, milord?... (^ à part.) Ah! quelle nouvelle
tribulalion...
WORSET.
Je suis satisfait de sa raison et de sa bonne conduite....
Qui sait d'ailleurs... je dois faire un voyage en Amérique,
et je veux assurer le sort de ma fille.
Air : Mou cœur a l'espoir, etc.
Sur moi tout son bonheur se fonde,
Je la marie avant que de partir.
Qui s'embarque pour l'autre monde
ÎV'est pas certain d'en revenir.
â8
Oui chez elle je vais la preiidic
Pour vous la ramener ici ;
On s'ennuie aisément d'attendre
Lorsque Ton attend un mari.
Sur moi , etc.
, ( // rentre. )
SCENE XVI.
COGÉ, seul.
O! déplorable situation... quel enchaînement de men-
songes!... un jeune homme que j'ai présenté comme un
puits de science , et qui ne sait pas distinguer un verbe
d'un nom!... et cette supposition criminelle!... et mon
élève , qui n'est plus mon élève... Williams!... ce duel...
car c'est ma pension qui se bat!... Arthur. ...ce mariage!...
tout est mêlé... tout est confondu... je ne m'y reconnais
plus moi-même ; mais c'est un parti pris ; j'ai renié mon
disciple , pour l'honneur de l'Université... mais pour l'hon-
neur de l'Université je ne dois pas placer un intrus dans
une noble ramille... Il est temps de parler... tout m'en fait
une loi... la délicatesse... la loyauté... et l'article 3/(5 du
Code pénal.
SCENE XVII.
COGÉ, ARTHUR, ROBERT.
COGÉ.
Ah! Dieu soit loué!... je les revois... ô bonheur! mon
élève m'est rendu !...
ARTHUR.
Il n'y a personne de mort...
COGÉ , à Robert.
Vous n'êtes pas blessé ?
ROlîKRT.
Dam! vous voyez...
CUGÊ.
Que ceci vous serve de leron , jeune étourdi ! mais n'en
29
parlons plus... Il s'agit biei) d'autre chose... les aiFairos
se sont terriblement embrouillées... Sachez que milord...
ARTHUR.
Eh bien?...
COGÉ.
Il n'est pas venu seul ; miss Fanny, sa fille, est avec lui;
et avant de partir... [à Robert. ) il vous marie!
ROBERT.
Ca me fera beaucoup d'honneur !
ARTHUR.
Quoi 1 Fanny est à Paris ? quel bonheur {...
COGÉ.
Et que vous importe, à VOUS?..,
ARTHUR.
Ah!... c'est que je la connais aussi... et aue je l'aime à
la folie.
COGÉ , à Robert.
Dites donc, milord, il l'aime à la folie... Et vous souf-
frez cela?
ROBERT.
Je m'en moque pas mal !
roGÉ.
Vous êtes fort original !
ROBERT.
Je suis comme ça, moi... Je ne tiens pas à mon bien...
Ce que j'ai appartient à mes amis...
COGÉ.
Dieux l que c'est philosophique.
ARTHUR , riant.
Ah! si vous saviez tout!... Mais delà prudence!...
COGE.
M. Williams, il faut que nous nous concertions en-
semble pour sortir du labyrinthe où nous nous sommes
engagés; venez dans ma chambre, je vous prie, pour que
je vous communique mes idées à ce sujet... Venez, [il
rentre, )
AUTHUR.
Volontiers, i\l. Cogé. {à part a Robert.) Tu me prévien-
dras quand Fanny paraîtra.
ROBERT.
Je l'allendrai ici. {Arthur entre avec Cogé.)
3o
SCENE XVIII.
ROBERT, seul.
Me voilà donc bientôt rendu à la société, c'est-à-dire à
l'antichambre: vive l'amour et la livrée! je ne sors plus
de là.
Air : De Caroline.
Vive l'ignorance!
De lumière on se passe très bien,
Et la science
Ne rapporte rien
Grammaire en avant ,
Fioid rudiment ,
Vite morbleu
Allez au feu ;
Je ue peux craindre
En vous jetaiit que de l'éteindre.
Lallemant, Boudot,
Lhomond , Ileslaut,
Prouvons gaîment
Eu vous Ijrûlant
Que la fumée
Est le prix de la renommée.
Vive l'ignorance , etc.
Que d'auteurs nouveaux
Par leurs rivaux
Dans nos journaux
Sont attaqués,
Ou criliq^îs
Par ans lecteurs tiop diflicilcs!
Les savans
Vivans
Sont mal jugés,
Les morts souvent sont outragés :
Plus heureux
Qu'eux,
On ne dit rien des iuibéciles.
Vivo l'ignorance, cfr.
( Tl jette successivement tous les livres au yen.)
3i
SCENE XIX.
ROBERT ELISA.
KOBKKT.
Tout est au feu , ma chère Elisa!... Je n'en ai sauvé
qu'une plume... pour signer mon contrat de mariage!...
ELrSA.
Eh bien ! votre oncle consent~ilP. .. j'ai toujours eu peur
des oncles.
ROBERT.
Le nôtre est bon enfant... mais pourtant je ne dois rien
brusquer, parce qu'il pourrait bien se fâcher.
ELISA.
Se fâcher? et pourquoi?.. Je ne sais pas , mais j'ai dans
l'idée que vous cherchez des détours..
ROBERT.
Quel soupçon! Elisa, je vous ai promis de vous épouser,
et vous serez épousée.
ELISÀ.
Légitimement?
ROBERT
Toujours; mais il y a empêchement pour ce momenl-ci.. .
ELISA.
Alors je veux savoir...
UOBERT.
Au contraire, c'est que vous ne devez rien savoir...
(^àpart.) J'aperçois milord, allons prévenir mon maître...
{Il fait quelques pas.)
ELiSA , le retenant.
Eh bien, vous vous en allez... vous me laissez là dans
le bon moment?...
ROBERT.
Objet de ma passion, calmez-vous.
Atr : Dsiguez m'épargner.
Mon amour n'est point refroidi ;
Mais il faut qu'on me débarrasse
D'une charmante niilady
Qui voudrait prendre votre plsee.
EL ISA.
Ciel! que flites vous? ..
Ù2
\
ROliliKf .
C'est très rrai ;
, Elle est belle, riche et modeste,
Pourtant je la refuserai ,
Ce soir je vous épouserai...
Et plus tard vous saurez le reste.
(// se sauve,)
ELiSA , seule.
Une milady ! je suis sûre que c'est cette jeune dame qui
est venue ici ce malin!... {pleurant.) Ah! mon Dieu! c'est
donc vrai que les Anglais ne valent pas mieux que les
autres!...
SCENE XX.
ELISA, LORD WORSET, FANNY.
WORSET.
Et que vous ont-ils fait?...
ELISA , pleurant.
Milord, on m'a défendu de vous parler, mais puisqu'on
me trahit, je vais tout dire, moi.
FANNY.
Elle m'intéresse.
WORSET.
Parlez,
ELISA.
On me nomme Elisa, je suis la nièce de l'hôtesse,
comme vous savez, et de plus j'ai toujours été sage et mo-
deste...
WORSET.
J'en suis persuadé.
ELISA.
Monsieur votre neveu , depuis six mois qu'il loge ici , a
cherché à me plaire et il y a réussi...
WORSET.
Mon neveu ?...
FANNl".
Arthur?...
ELISA , pleurant.
Ouil Arthur, l'Anglais du n" 9.
WORSET.
Comment se fait-il?...
ELISA.
Le voici :
A.IR de Léocadic.
Il est galant, il est aimable.
Il vient me chanter chaque jour :
Ah! que l'amour est agréable ,
Ou la romance c'est V amour.
Un esprit si brillant , si tendre,
Sur un cœur simple a de l'effet ;
liC mien, hélas! s'est laissé prendre,
Et voilà comme ça s'est fait.
FANNY.
Est-jl possible ?
ELISA.
J'ai une promesse de mariage...
WORSET, furieux.
Est-il bien vrai ?... mais c'est abominable!.... M. Cogé
ne risque rien !... •
FANNY.
Je l'avais prévu , mon père...
WORSET.
Quelle indignité!... qu'il ne se présente jamais devant
moil...
SCENE XXI.
LES PRÉCÉDENS , ARTHUR.
ARTHUR, accourant.
Ah! ma chère cousine...
WORSET.
Monsieur ! votre conduite est affreuse !...
ARTHUR.
Comment? qu'avez-vous donc?...
WORSET.
Vous osez le demander ?
FANNY.
En présence de mademoiselle?
ELISA.
Je n'y suis pas du tout , moi !
5
WORSET.
Vous devriez rougir!.-, vous ne voyez pas celle jeune
fille?
ARTHUR.
Eli bien 1 c'est mademoiselle Elisa...
FANNY.
Pour qui vous m'avez trahie I...
ELISA.
Mais ce n'est pas lui... il n'est pas votre neveu.
WORSET.
Com men t ! comme» t ! ^
ARTHUR.
Mon oncle...
SCENE XXIÏ.
LES PRÉCÉDENS, COGE.
coGE , criant.
MilordlMilordî...
W^ORSET.
Ah ! vous voilà , M. le gouverneur ? vous expliquerez-
vous enfin?
COGE.
Tout ce que vous voudrez, milord. [à Jf^orset , mon-
trant Arthur.) Monsieur est un jeune homme plein d'es-
prit et d'instruction... mais il n'est point mon élève... il
n'est point votre neveu !
WORSET ET KANNY.
Ahl c'est trop fort!...
ELISA.
Non! ce n'est pas votre neveu....
COOÉ.
El je vais vous le cliercher. {Il court chercher Robert
dans le cabinet et le ramène sans le regarder. )
55
SCENE XXIII.
LES PRÉcÉDENS , ROBERT , en livrée.
coGÉ , le tenant par la main.
Voire véritable neveu, le voilà!...
TOUS , étonnés.
Ah!
ELISA.
Tiens!... il s'est déguisé!...
COGE.
Ah ! Monsieur , quel costnme !...
ROBERT.
C'est le mien... Je rentre clans mes fonctions.
ARTHUR.
Et il reprend sa livrée.
WORSET.
Sa livrée?... M. Williams?...
ARTHUR.
Oui! mon cher oncle , j'aime l'étude , mais j'aime aussi
ma liberté ; je redoutais un gouverneur , mon domestique
ne craignait pas un maître de plus... et il est devenu l'é-
lève du respectable M. Cogé..,
COGÉ.
O! Dieux vengeurs! dans quelle embûche je suis
lombé!... c'est une conspiration infernale!... mais une
punition exemplaire...
KANNY.
Oh ! mon père !...
WORSET , à Arthur.
La supercherie est un peu forte ; mais je suis content do
ton instruction , et comme je n'ai que deux jours à passer
ici , je n'ai pas le temps de me fâcher.
COGÉ.
lil j'étais le précepteur d'un laquais !
ROBERT.
Purement et simplement.
COGÉ.
Ah! je suis couvert de confusion : a capite ad calcein!
ELI SA.
Et moi, faut-il que j'aie du malheur... {'a Robert.) Te-
36
nez, voilà voire promesse de mariage... je n'épouserai
jamais un domestique...
ROBEKl.
J'en suis désespéré... mais je ne peux pas vous offrir
mieux.
ELISA.
Heureusement qu'il y a d'autres Anglais dans l'hôtel!
ARTHUR.
Robert, tu auras l.i gratification promise,
ROBERT.
Elle m'est bien due, Monsieur... Un sot qui ne veut pas
sortir de son état est une chose si rare que ça mérite une
récompense. Ainsi chacun reprend sa place.
VAUDEVILLE.
ELISA.
Air : Et voilà comme tout s'urrange.
La fille d'un ancien portier,
A vingt ans brillante et volage ,
Occupait tout notre premier;
A trente ell' monta dun étage ;
Le troisièm' succède au second;
Mais arrive une autre disgrâce,
A cinquante ans de la maison ,
Sa main ressaisit le coidon...
Voilà comme on reprend sa place.
ROBERT.
Je servais un jeune élégant
Qui, tous les jours prenant sa course,
Dans un cabriolet brillant
Allait spéculer à la bourse ;
L'un et l'autre on les admirait:
Mais aujourd'hui quelle disgrâce ,
Le maître n'est plus qu'un valet,
Et le brillant cabriolet
Est un cabriolet de place.
COGK.
Je ne critique point les vers
Enfantés j)ar le romantique ;
Mais sous la bannière où je sers
J'ai vécu, je mourrai classique.
37
Pour créer uu geuie nouveau
On réforme le vieux Parnasse,
Ab ! malgré ce projet si beau ,
Horace, Virgile et Bcileau !...
On ne prendra pas votre place.
WORSET.
Un alderman de la cité
Fut long-temps d'une bumeur hautaine
Il nous parlait avec fierté ;
On ne Tabordait qu'avec peine :
Tout à coup il devient meilleur ,
S'adoucit, sourit avec grâce,
Parle de justice et d'bonneur...
Qui donc a pu cbauger son cœur?
C'est qu'il vient de perdre sa place.
ARTHUR.
Au milieu des adorateurs,
Voyez cette beauté légère :
Chacun convoite ses laveurs ,
Et tous se vantent de lui plaire.
Pour ceux qu'enflamment ses appas
Un doux regard est une grâce ;
Mais les mieux vus perdent leurs pas :
Celui qu'on ne regarde pas
A toujours la meilleure place.
FANNY , au public.
Sur la pièce qu'on offre ici
L'auteur ne s'en fait pas accroire ,
Mais il voudrait qu'elle eût aussi
Sa place... dans le répertoiie;
J'approuve ses désirs secrets ,
Et loin de blâmer son audace ,
Moi, pour assurer son succès,
Et pour applaudir ses couplets ,
Je voudrais être à votre place.
Ah! que ne suis-je à votre place !
FIN.
38
On trouve chez le même libraire toutes les pièces de théâtre
tant anciennes que nouvelles , et entre autres , celles ci-
dessous dont il est éditeur :
Le Roman par lettres, vaud. en i acte, par MM. Decourcy,
Gustave et Rougeraont.
Le petit Bossu, vaud. eu i acte, par MM. Brazier etDumersan.
Les Entrepreneurs, vaud. en i acte, par MM. 'Brazier, Du-
mersan et Gabriel.
Le Marchand de Parapluies, vaud. en i acte, par MM. Désau-
giers, Lafontaine et Emile Vanderburck.
Alice, ou les six Promesses, par MM. Dupeuty, De Villeneuve et
Saint-Hilaire.
L'Auteur et l'Avocat , com. en 3 actes et en vers , par M. P. Du-
port.
Le Mari et TAmant, coni. en i acte en prose , par M. Vial.
La Jeune Femme colère, coin, en i acte, par M. Etienne.
Bruis et Palaprat , com. en i acte en vers , par le même.
Le Ci-devant Jeune Homme , com. en i acte , par MM. Merle
et Brazier.
Louis IX , tragédie en 5 actes, par M. Ancelot.
Le Solitaire, op. com. en 3 actes, par M. Planard.
Valentine de Milan , op. com. en 5 actes , par M. Bouilly.
Gulistan, op. com. en 3 actes, par MM. Etienneet Lachabeaus-
sière.
La Somnambule, vaud. en i actes, par MM. Scribe et G. Dela-
vigne.
Les deux Pères , vaud. en 2 actes , par E. Dupaty.
Matin et Soir, vaud en deux actes, par MM. Théaulon, Dartois,
Chazet et Lamarlière.
Le Mariage à la Hussarde , vaud. en i acte, par MM. Théaulon,
Dartois et Lafontaine. ,
Partie et Revanche , vaud. en i acte, par MM. Scribe, Francis cl
Brazier.
Les deux Précepteurs, vaud. en i acte, par MM. Scribe et
Mo r eau.
La Carte à Payer, vaud. en i acte, par MM. Merle, Brazier et
Carmouchc.
Les Chevillesde Maître-Adam, vaud. en i acte, par MM. Francis
et Moreau.
Les Anglaises pour Rire, vaud. en i acte, par MM. Sewrin et
Dumersan.
Les Moissonneurs de la Beauce , vaud. en un acte , par
MM. Francis, Brazier et Dumersan.
L'Ours et le Pacha, vaud. en i acte, nouvelle édit. avec de
nombreux changemens, par MM. Scribe et Xavier.
Le Précepteur dans l'Embarras , vaud. en i acte, par M. Mé-
lesville.
La Dame des belles Cousines, vaud. en i acte, par MM. Dar-
tois et Brisset.
La Chercheuse d'Esprit, vaud. en i acte, par MM. Dumersan
et Lafontaine.
La Pêche de Yulcain , vaud. en un acte, par MM. Rochefort ,
Lassagne et Brisset.
La Dame Voilée, com. en trois actes, parMM. Constant, Théo-
dore N*** et Armand.
Aline, reine de Golconde , op. com., en trois actes, par
MM. Vial et Favières.
Félicie, ou la jeune Fille romanesque, op. com. en trois actes,
par M. E. Dupaty.
Un jour à Paris, ou la Leçon singulière , op. com. en trois act. ,
par M. Etienne.
Nadir et Sélim, ou les deux Artistes, op. com. en trois actes ,
par MM. Justin Gensoul et Naudet.
L'Auberge de Bagnières , op. comique en trois actes , par Jala-
bert.
Les Sœurs jumelles , op. com. en un acte , par M. Plauard,
Le Séjour militaire , op. com. en un acte , par M. Bouilly.
Picaros et Diego, op. com. en un acte , par M. E. Dupaty.
Gaspard l'Avisé, vaud. en un acte, par MM. Barré, Radet et
Desfontaines.
Julien, ou Yingl-cinq ans d'entr acte , vaud. en deux actes , par
MM. A- Dartois et Xavier.
Lia, ou une Nuit d'absence, vaud. en deux actes, par MM. Et.
Arago et Desvergés.
L'Iledes Noirs, vaud. en un acte, par MM. A. Dartois et Xavier.
4o
Le Jour des Noces, vaud. en un acte, par MM. Duveil et
Nicole.
La Yisite en prison , vaud. en deux actes, par MM. Duvert et
Nicole.
Sophie, ou la Malade qui se porte bien , vaud. en trois actes ,
par M. E. Dupaty.
Trilby, ou la Batelière d'Argail , vaud. en un acte , par MM. De-
courcy , Dumersan et Rousseau.
La suite du Folliculaire , vaud. en un acte, par MM. F. Langlé,
Dartois, Théaulon et Ramond de la Croisette.
La pauvre Fille, vaud. en un acte, par MM. Dieulafoy et Ach.
Dartois.
Le Duel par procuration, vaud. en un acte, par MM. Decourcy
et Rousseau.
Guillaume , Gautier et Garguille , vaud. en un acte, par
MM. Francis, Dartois et Gabriel.
Le Gascon à trois visages , vaud. en un acte, par MM. Gabriel
et Honoré.
Monsieur Vautour, vaud. en un acte, par MM. Désaugiers,
Tournay et G. Duval.
L'Ennui, vaud. en un acte , par MM. Scribe etDupin.
Le Déjeûner d'Employés, vaud, en un acte, par MM. Gabriel
et ***.
Le prologue impromptu, ou les aucteurs en retard, à-propos
en un acte et en vaud. , par MM. Désaugiers, Lassagne et
Rousseau.
Le Vieillard de Viroflay , vaud, en un acte , par MM. Decourcy
et Sewrin.
Le Cachemire , comédie en un acte et en vers , par M. Edouard
d'Anglemont.
ÉtaÉ
.STANCES
SUll
LE SACRE
S. M. CHARLES X
9, 000 CiA9. Oeftcu-oti'.
'^
PARIS,
De G. BRlJNET, Libraire-Editeur, successeur
de I\I"»* HuET ,
llue d* Valois» Palais-Royal, en face l'Athénée, près la rue S.-Honoré.
1825.
;'
-V:>i«